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Wander Wonder

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Rue des Rosiers, à Saint-Ouen, au cœur du quartier des puces, sur le site historique des anciennes usines de piles Wonder.

Fermé en 1986, le site a été investi à l’état de friche par l’antiquaire Steinitz, par un collectif d’artistes installé dans ses immenses espaces, des galeries dans la cour avant, des squatters, entre autres. Déambulation.

Plan de l'usine photographié in situ avant qu'il ne disparaisse (2015)

Photographies des documents "prélevés" sur le site (2024)

Wonder partout, Wonder nulle part
(2015-2017)


   Il y a l’avant et l’arrière : les coulisses chaotiques d’une avant-scène plus présentable. Une métaphore du seuil/du passage : il y a un avant et un après.

   A l’avant, il y a eu les ateliers de Steinitz, le prince des antiquaires, où les artisans gardaient jalousement leurs secrets d’alchimistes. Il y a eu les galeristes et les puciers. En composant le code de la petite porte d’entrée, j’ai toujours eu en tête le court-métrage La reprise du travail aux usines Wonder (de Pierre Bonneau et Jacques Willemont), le visage de la colère et du désarroi de cette ouvrière au sortir de la grève, refusant de reprendre son poste, de franchir à nouveau le seuil de cette porte. Les puces sont mortes la semaine, je suis seule dans cet îlôt. J’entends dire que l’arrière est un monde. C’est un monde.

   A l’arrière, derrière la palissade de chantier fermée avec une chaîne et parfois surveillée par un maître-chien, je traverse un monde de destruction et de création. La structure est fragile, les incendies ont transformé le matériau en matière ; partout du verre brisé, la rouille a tout rongé, l’ossature est à vif. On a muré, obstrué, cadenassé pour sécuriser au mieux, mais on a défoncé, éventré pour pénétrer dans les lieux. La végétation s’est imposée dans ce décor d’opéra postapocalyptique. Le sentiment d’effondrement imminent s’immisce. Il me faut échapper à la vigilance des employés Steinitz et à celles des artistes squatters, réticents à voir leurs œuvres photographiées.

   L’archéologie, la carotte sédimentaire, le palimpseste. L’histoire est riche, le site regorge de ses traces : un plan des ateliers, une palette de couleurs à peinte sur le mur, de lourdes machines suspendues, une ligne de production, des bidons à tête de mort, un décor de statuaires africaines en stuc de six mètres par six, la statue ocre d’un homme s’agrippant à un tronc, des graffitis par centaines, comme autant d’emblèmes du site. Embarquée dans cette étrange déambulation, j’évolue dans un cabinet de curiosités grandiose où s’entremêlent les marqueurs des activités qui s’y sont succédées.

There is the front and there is the back: a chaotic backstage area and a more presentable forestage. A metaphor of the threshold, of the passage: there is a before and an after.
Up font were the Steinitz workshops, the prince of antique dealers, where the craftsmen jealously kept their alchemists secrets. There were also art dealers and flea market vendors. When I dial the entry code at the small front door, I always have La reprise du travail aux usines Wonder in mind (a short film by Pierre Bonneau and Jacques Willemont), the pure anger and consternation on the face of that woman at the end of the strike, refusing to go back to work, to go through this doorway again. No flea market during the week, I am all alone in this block. I hear that the back is a world. A world of its own.
In the back, behind the work site fence locked with a chain and sometimes guarded by a dog handler, I go through a world of destruction and creation. The frame is fragile, several fires have turned the materials into matter: there is broken glass everywhere, rust eats away at everything, the framework is exposed. Some people have built walls, sealed holes, locked the place to make it safer, but others have torn things down to get in. Plants have invaded this post apocalyptic scenery. The feeling of an imminent collapse creeps in. I must not let the Steinitz employees spot me, nor the artists who squat in and are reluctant to have their work photographed.
Archeology, sediment cores, palimpsests. History is rich, the site is full of its traces: a plan of the workshops, a colorful palette painted on the wall, heavy machinery hanging in the air, a production line, barrels with the skull and crossbones, a set of stucco African statues measuring six meters in length and height, an ochre statue of a man grabbing onto a tree, hundreds of graffiti, like so many emblems of this site. It is a strange wander through a spectacular cabinet of wonders in which all the marks of the previous activities intermingle.       

« Je ne rentrerai pas, non je ne rentrerai pas », Jocelyne.

La reprise du travail aux usines Wonder, un film de Jacques Willemont

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Réalisation : Jacques Willemont

Prise de vues : Pierre Bonneau

Prise de sons : Liane Willemont

Bernard Tapie marche à la Wonder

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ARCHIVES OUEST-FRANCE.

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